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À ce moment passait un autobus, elle courut après, le rattrapa et y monta sans faire attention que sa jupe déjà courte et relevée depuis les galantes investigations du jeune fils de Mme Concierge, révélait un peu plus de ses formes qu’il n’est décent de le faire.

Du moins jusqu’à ce que le nudisme triomphe chez nous.

Mais un vieux monsieur, qui allait à la Bourse et n’aurait pas voulu, pour toutes les joies du paradis, manquer à la perte de son argent, se sentit impuissant à séduire cette enfant puisqu’il lui fallait être ailleurs dans l’heure suivante.

Et, par suite, il s’indigna.

Il dit à Margot :

— Petite dévergondée, qu’est-ce que vous montrez-là ?

— Quoi ? fit-elle.

Car elle ne comprenait rien à l’intervention du macrobite, qui écumait comme un singe mangeant un bout de savon.

— Vous êtes une libertine, reprit l’autre.

— Possible, fit Margot, mais vous êtes un vieux cocu.

Alors, prenant à témoin tout le monde sur la plateforme de l’autobus, l’antique débris cria :

— Voilà les jeunes filles modernes, elles ne respectent même pas mes cheveux blancs…

— Ils sont teints en acajou, dit Margot, qui se tordait.

Mais l’autre continua, au sommet de l’indignation :

— C’est une honte et je porterai plainte au foyer de la Société…