Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
58
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


dût manquer de la science galante qui joue un si grand rôle dans les affaires de cœur.

Car elle voulait connaître ce domaine ignoré. Oh ! sans fièvre et sans cette rage de jouissance qui tient les petites filles trop ardentes et poussées vers le vice.

Amande n’était pas vicieuse pour un sou d’or. Tout de même elle n’était pas si ignorante que de ne point connaître le mystère du désir mâle et que celui de la femme peut en espérer beaucoup.

Et elle savait encore qu’il y a là un domaine de sensations fort agréable à cultiver. Si agréable, même, que beaucoup d’épouses vont le chercher ailleurs que chez elles. Cela à tous risques, et il y en a…

Ayant beaucoup ouï parler de ce monde secret de la volupté, elle s’en faisait une image spéciale qui ne s’accordait évidemment pas du tout avec la silhouette de ce bon Adalbret. Pour mettre en mouvement la machinerie subtile des passions et enclencher leurs suites de plaisir, il doit falloir un homme patient et moins occupé de lui-même que de sa partenaire… Il faut en lui du savoir et une accoutumance, de l’invention et même de l’art. Ce sont autant de vertus rares et qu’Amande ne prévoyait point chez un jeune homme d’air béat, qui paraissait en somme n’avoir jamais pensé plus loin que son nœud de cravate.

Toutefois, elle a beau heurter en soi mille