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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


l’air effacé et effaré, visiblement un peu niais, et probablement porté vers le mariage par son incapacité à séduire, car il était timide.

Voilà, se dit l’astucieux chef de famille, ce qu’il faut à ma fille. Il s’entoura de renseignements et sut bientôt que c’était en tout le parti rêvé.

Il restait à mettre l’oiseau en face d’une adolescente que ses mésaventures rendaient assez acariâtre, et c’était là une opération délicate.

Elle n’en fut pas moins menée à bonne fin.

Le monsieur se nommait Adalbret de Baverne d’Arnet. Il portait d’ailleurs sans trop d’orgueil ce nom romantique et féodal.

Il vit Amande et la trouva exquise. Elle le jugea un peu navet, mais supportable.

Et, un beau jour, l’adolescente se vit exposer l’affaire :

— Veux-tu épouser Adalbret ?

— Mais, papa…

— Dis oui ou non ! Si tu veux, je vais tâcher de l’y amener.

— Eh bien soit !

— Tu sais que le mariage est autre chose que la vie de caprices et de libertinage que tu as menée ?

— Papa, tu exagères. Parce que je suis sortie une soirée, et qu’il me vint mille ennuis de cette inoffensive histoire, il ne faut pas