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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


élites sociales, représentées par la magistrature, qu’un personnage accusé fût innocent…

Bref, tout ce que put dire Amande pour expliquer comment elle se trouvait au Bois de Boulogne à trois heures du matin, était vain, un peu ridicule et incapable de convaincre personne.

Elle dut renoncer à se prétendre une victime de la perversité mâle.

Et son père en acquit une fureur durable, qui semblait pourtant mal harmonisée avec cet esprit sceptique et dépourvu de préjugés.

Hélas ! l’idée que l’histoire d’Amande pouvait lui nuire emplissait cette pensée naïve de rage égoïste. Comme beaucoup d’autres, il n’était accommodant qu’avec les événements qui ne le concernaient pas…

Bien entendu, les journaux s’étaient malicieusement emparés de la bizarre aventure d’Amande. Ils avaient brodé et rebrodé sur elle. Les rédacteurs ne doutaient point, eux, que les dires de la jeune fille fussent véridiques. Ils en avaient bien vu d’autres… Toutefois ils les exposaient avec ironie, parce que le ton plaît au lecteur, et qu’en somme cette petite mijaurée inconnue n’avait qu’à ne pas se laisser prendre par la police…

Alors le père d’Amande pensa que le plus simple et le plus expédient fût de se débarrasser de sa progéniture en la mariant au plus tôt. Comme cela, si elle faisait des frasques, ce