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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


tôt la livrer pantelante, et aussi épuisée qu’un athlète qui vient de courir quatre cents mètres en moins de cinquante secondes.

Elle se ressaisit.

Fermant la bouche en pensant que toute aide était sans doute vaine à espérer, elle s’immobilisa brusquement, comme si elle se donnait.

L’autre eut un rire de triomphe…

— Ah ! garce, fit-il sauvagement, tu me fais attraper chaud.

Et, se croyant vainqueur, il écoutait avec une joie sourde la respiration haletante d’Amande. Puis il lui abandonna les bras pour porter ses efforts plus loin.

Mais, ainsi qu’un petit fauve, la jeune fille s’arc-bouta sur le sol, se secoua violemment, et fit rouler sur le dos, avec un juron furieux, l’homme qui se croyait définitivement maître d’elle. Il touchait justement la chair désirée. Ce fut rapide, car, d’un bond de carpe, Amande délivrée se mit debout et s’élança devant elle. Trente mètres plus loin, elle se retourna, en entrant dans une sorte de buisson qui lui griffait les jambes.

Les phares en veilleuse de l’auto brillaient légèrement. À côté, l’adversaire relevé faisait une grande ombre incurvée. Il hésitait à poursuivre sa victime.

En même temps il grognait des outrages empruntés à la langue verte, et qui préten-