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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


chaud, qui lui montait aux joues. On la prenait visiblement pour une fille galante qui veut se faire passer pour naïve.

Sa voix rageuse s’étrangla :

— Nous ne nous amuserons pas, je vous le dis. Ayez l’obligeance de me reconduire chez moi !

L’individu eut de nouveau son rire insolent :

— Vous croyez commander ici, ma petite. Détrompez-vous donc. Vous êtes à moi. Pucelle ou pas, mais je ne vous crois pas telle, si habile qu’ait été votre conduite au dancing, vos m’appartiendrez, et où nous voici ! N’appelez pas, car je vous bâillonnerais.

— Nous serions deux, dit Amande en s’efforçant de garder la maîtrise de volonté dont elle aurait besoin sans doute avant peu. Un silence régna durant moins d’une minute. Le personnage pensait que le sentiment de la solitude, du danger, de la ténèbre ambiante et de la décision catégorique, chez l’ennemi qui lui faisait face, dussent vaincre vite cette grande jeune fille, peu habituée certainement à combattre dans des circonstances semblables. Il était sûr de lui.

Mais Amande, toujours droite, et sans flancher, répéta :

— Reconduisez-moi, plutôt que de faire de vaines menaces. Je vous l’ai dit il n’y a pas longtemps, je ne suis pas de celles qui s’épou-