Elle ferma donc le bouquin où le Satan de Gide faisait des grâces de vieille coquette à la recherche d’un gigolo poitrinaire et se leva :
— Zut, fit-elle, ce qu’on s’embête.
Fut-ce donc le diable qui lui répondit en lançant en son esprit la fusée d’un air de jazz ?
Elle esquissa un pas de danse :
— Oh ! la la, quelle barbe !
À ce moment exact, comme une inspiration du Malin, une autre idée lui vint :
— Tiens, c’est vrai, Neige vient, m’a dit mon père, tous les jeudis à la Sangsue.
Elle s’arrêta.
— Cette Neige, tout de même, elle doit aussi savoir s’y prendre ?
Une méditation la tint cinq minutes debout, près de la fenêtre, et elle regardait dans la rue.
— Si j’allais à la Sangsue, moi aussi ?…
« Je lui parlerais : « Madame, je suis… »
« Elle m’enverra dinguer…
« Bah, elle ne me mangera pas.
Elle se mit à rire.
— Mais comment sortir ? Mon père fera un boucan infernal, s’il l’apprend. Il me laisse libre, mais il serait fichu de me mettre sous clef.
Amande ouvrit la fenêtre.
— On pourrait descendre ici, en somme ! Je suis au premier et ce n’est pas haut. Quant à remonter…