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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


toujours moins agaçant que d’ignorer… En tout cas, Amande pensait quelque jour découvrir cette pierre philosophale.

En attendant, ses idées étaient peut-être fausses, mais fort claires. Il devait pour elle exister dans la vie deux sortes de gens. Ceux qui savent comme s’y prendre pour que l’amour dure et que la satiété ne vienne pas trop vite, puis ceux qui ignorent ce mystère. Les derniers font les mauvais époux et les amants irrités.

Ah ! quand on s’aime, comment faut-il agir, pour que la lassitude ne naisse pas tout de suite, et pour découvrir toujours du plaisir dans la vie commune, que tout porte à l’insipidité ? Voilà ce que notre amie Amande ne savait pas. Elle espérait l’apprendre toutefois avant d’aimer ou d’épouser qui que ce fût. Elle avait d’abord conçu de demander cette clef à Zoé, quelque jour proche. Car cette personne, outre qu’elle inspirait le respect pour sa façon allègre et infaillible de manier le pistolet automatique, savait aussi se faire aimer longtemps. Elle avait eu quelques amants connus et classés. Des amants figurant sur le Bottin mondain, et qu’on photogragraphie dans les journaux illustrés, pour faire de la réclame à Cannes, La Baule ou Deauville. Or, ils lui étaient restés fidèles tant qu’elle avait voulu. Mieux, ces hommes, qui pratiquaient généralement le désintérêt