de l’or sans mal. Il connaît les banques, les
légations et les ministères aux caisses exorables.
Il court tout le long des jours avec
une sorte d’allégresse divertie, parce qu’il
aime à se croire un de ces gaillards importants
et redoutés, à qui, comme aux dieux,
on fait partout des sacrifices pour se les
rendre favorables. Il est d’ailleurs inoffensif
et seulement un rien suiveur de petites filles,
vraies ou fausses. Il goûte les jupes que le
vent, le hasard, ou une habile méthode de
marche fait lever sur des jambes bien faites
et découvertes un peu plus haut que ça…
Il admire les danses nègres, qui font si joliment
tournebouler les croupes. Enfin, l’été,
il se hâte de venir vivre sur les plages où la
nudité est bien assise. Parfois même, il
s’amourache de quelque adolescente et s’empresse
de se ruiner pour elle. Il lui donne aussi
bien du plaisir que des bijoux, mais il se lasse
vite.
Il est d’ailleurs toujours affamé d’argent. C’est pourquoi Amande est abandonnée à sa propre inspiration dans tous les actes de sa vie. Elle a dix-neuf ans, elle est de bonne éducation, instruite et belle. Si avec ça elle est incapable d’organiser seule sa vie, son père la reniera… Amande voudrait à cette heure accrocher à des réalités solides une formule de bonheur. Dans ce but, ce qui lui plaît le mieux, c’est encore de fréquenter les dancings.