Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Soudain les mains inconnues la quittèrent et le corps de l’homme se plaça sur le lit.

Amande frissonnait. Comme c’était mystérieux et languissant, cette attente dans la nuit, et combien l’événement en prenait une sorte de douceur sacrée…

Et elle se tendait, comme une lamelle d’acier, pour mieux percevoir les appels qui passaient en elle et autour de son corps…

Brusquement, elle se sentit prise.

L’étranger ne disait rien. Pas un de ses gestes qui ne fût voué à la joie. Il paraissait un technicien amoureux d’une habileté vraiment souveraine.

Amande se pâma alors comme si le feu du ciel la tordait et promenait ses flammes sur elle. Elle devina confusément que son plaisir était partagé et poussa un roucoulement.

Elle sentit ensuite la passion naître en elle comme une chose déjà étrangère et elle s’exhala dans un cri délirant :

— Mon chéri… je t’aime… je t’aime !…

Mais l’amant ignoré frissonnait et se retirait soudain. Il allait en hâte à un commutateur et faisait la lumière. Et ils se regardèrent tous deux ahuris et bouleversés. Ils étaient nus et pareils à Adam et Ève après le péché.

Nus et époux, en vérité.

Car Amande reconnut en son amant de hasard son mari, Adalbret de Baverne d’Arnet.