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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

Trouver le plaisir et le prendre, rien de mieux. Mais courir après et ne point même le voir sur une route trop riche d’abandons était chose un peu irritante.

Et Amande se demandait si elle n’allait pas enfin, en cas de nouvel échec, faire vœu de définitive vertu.

Elle y pensait d’autant mieux qu’elle ne sentait aucun désir réel aiguiser sa chair.

« Si je fichais le camp ? »

Mais elle pensa que si l’on s’engage dans une mauvaise route il faut au moins avoir le courage de la suivre jusqu’à son extrémité.

Et elle resta couchée.

Il faisait chaud et un parfum entêtant se répandait partout. Que va-t-il se passer ?

Elle avait voulu l’obscurité parce que la lumière déçoit. Si elle n’avait pas vu naguère la face crapuleuse de son initiateur, elle l’aurait aimé, sans doute, d’un amour violent et durable. Il est entendu que ce lui était une belle sauvegarde que de ne point connaître un tel amour pour un individu si dangereux. Le voyez-vous vendant la baronne Amande de Baverne d’Arnet à une maison de tolérance de Buenos-Ayres ?

Pourtant, il ne faut pas chasser trop tôt les illusions… Elle en était là de ses méditations, lorsqu’elle entendit, sans que la lumière trahit le survenant, la porte qui s’ouvrait et se refermait doucement.