Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
8
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


à tout au monde, pourvu que ce fut vaste et poétique : la mer, les nuages, un glacier ou une forêt vierge. Les cheveux d’Amande ne sont plus maintenant qu’une touche de couleur fauve sur un joli visage. Ah ! on ne saurait nier combien notre temps a amélioré la grâce et ses désirs… Amande se pare d’un visage de jeune dieu syrien : nez étroit, pincé et un peu courbe, bouche en saillie où la lèvre inférieure méprise lorsque l’autre complimente, son menton porte une fossette et ses joues sont légèrement fardées… Elle expose d’ailleurs cette précieuse effigie avec une hauteur délicate et attrayante, avec un air perpétuel de se promettre, et de dire : « Admirez-moi ! mais vous ne voyez que la préface… »

Enfin, elle a un corps, un corps dont elle tire orgueil. Il est droit et net, pareil à une épure, à la fois, et à certaines toiles de la Renaissance, où se tiennent des éphèbes ambigus, mais admirables. On ne sait pourquoi elle ferait bien dans un tableau du Sodoma…

Ce qu’on devine sous les vêtures du corps de la douce Amande est, en effet, troublant. Deux jambes qui paraissent toujours occupées à tourner, dans un luxurieux chaudron de sorcières, quelque breuvage aphrodisiaque, des bras aux courbes si parfaites qu’on se voudrait sentir étreindre par eux. On dirait