Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/168

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
158
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Ah ! vous êtes du monde ? demanda Henriette.

— Ma foi, madame, sauf le cas ou il faudrait un certificat de la police, je me crois autorisée à le dire.

— Mais, en ce cas, comment ne savez-vous pas peindre sur cartes postales ?

— Jamais une telle idée ne m’est venue, en vérité.

— Eh bien, c’est la première fois que je vois une personne de bonne éducation ignorer cet art, que l’on enseigne dans les couvents à toutes les jeunes filles convenables.

Amande pouffa :

— Bon ! je commence à deviner. Mais que faites-vous des cartes postales coloriées que font vos pensionnaires.

— Oh, madame ! j’ai une entreprise du ministère des Colonies. On les distribue comme encouragement en Afrique, aux nègres qui payent leurs impôts. Il paraît que les recettes ont doublé depuis que je suis concessionnaire…

— Bon ! Mais vous expliquerez moins facilement pourquoi vous tenez à ce que je sache jouer la belote ?

— Parce que c’est le seul authentique jeu des salons parisiens, et on reconnaît une femme bien d’une rôdeuse à ce que la rôdeuse ne sait pas jouer ce jeu raffiné…

— Alors, madame, je crains en effet de ne