Page:Dunan - Les Marchands de Voluptés, 1932.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Mais si. Seulement ça ressemble un peu trop à ce que je connais et je préfère un milieu plus vulgaire.

— Vous êtes une vicieuse. Venez que je vous embrasse !

— Hé ! fit Amande étonnée.

— Oui, parce que moi, si j’étais à votre place, je penserais de même. Ces écrivains, ces sculpteurs d’éponges, ces graveurs à l’eau-forte sur velours de coton m’embêtent à ravir.

« Seulement mon commerce en reçoit un lustre merveilleux et je puis quadrupler le prix de toutes choses sans nulle vergogne. Et puis je suis une personnalité officielle. On m’envoie les rajahs du Travancore ou du Beloutchistan, lorsqu’il en vient à Paris. Une fois, même, j’ai reçu un joyeux drille qui était évêque orthodoxe en Australie et qui se faisait appeler M. Bishop. Il buvait pour trois mille francs de tisane de champagne par jour. C’est à la protection du ministre des Trous à la lune et Faillites que je devais cet individu, qui aurait dû être acheminé d’abord chez ma concurrente : Henriette Assourbanipal.

— Tiens, dit Amande, je n’ai jamais entendu ce nom-là.

— Oh ! elle est très connue. Chez elle c’est la diplomatie réactionnaire qui fréquente plutôt, tandis qu’ici nous nous vantons de porter le cœur à gauche…