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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Le peintre ? fit Amande étonnée.

— Certes ! c’est notre conseil esthétique. Il fera votre portrait et vous aurez ensuite à vous farder selon les nuances qu’il aura lui-même choisies pour mettre votre couleur de peau et la forme de votre corps en relief.

— C’est admirable ! dit Amande éberluée.

— Oh ! Bhagadgita est un grand artiste, continua Nana Dhousse. Il est le conseil de toutes les dames du monde chic et nulle ne se farde sans lui demander son avis.

— Bien ! reconnut Amande, je subirai donc ses lois, mais vous m’avez demandé tout à l’heure si je voulais être présentée à je ne sais encore qui.

— Oui, c’est un tout jeune homme, un adolescent… Il voudrait, pour l’initier, une dame de grande classe et qui ne blesse ni ses natives pudeurs ni son goût de la beauté. Je dois vous dire qu’il est poète. Il a publié trois livres de vers sur la chasteté virile…

— Alors, dit Amande, il ne doit pas vouloir quitter son manteau d’innocence.

— Si, justement ! Il dit avoir épuisé la matière et la question. Il lui est indispensable désormais de publier des ouvrages sur l’amour-acte. Mais il veut passer de son premier état à l’autre sans trop de peine. Il lui faut une maîtresse… délicate.

— Je ne sais, avoua franchement Amande, si je suis qualifiée…