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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— Décidément, fit-elle d’un filet de voix aigu, vous ne pourrez jamais passer pour un vrai duc…

— Elle me l’a dit aussi, cria le bonhomme avec une grimace de pendu. Je crois que vous vous entendez toutes deux pour me flouer.

— Monsieur, riposta Mme Mouste avec autorité, assez de scandale ! C’est ici une maison sérieuse, et je vous prie de vous en aller si vous ne voulez pas parler honnêtement.

— M’en aller ? Lorsque vous m’aurez rendu mes deux mille deux cents francs…

La dame eut un sourire léger.

— N’y comptez pas !

— Mais je n’ai rien fait. Elle a refusé, et vous l’avez vue fuir à l’instant. C’est une petite catin, une coquine et une voleuse. Je dirai même que c’est peut-être pire. Qui sait si ce n’est pas une honnête femme ?

— Eh bien ! c’est justement ce que vous me demandez, lorsque vous venez me voir : des femmes honnêtes. Je vous ai fourni l’article. De quoi vous plaindriez-vous ?

Douché, l’autre roula des yeux furibonds. Mme Mouste, en personne qui connaît ses gens et sait les mener à la baguette, remarqua alors :

— Vous êtes visiblement en colère, monsieur le duc, et cela trouble vos raisonnements. Je vais, pour vous calmer, vous mener à la gosse Minetou. Vous savez celle que je veux dire.