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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


au moins sauvegarder les apparences et ne pas parler comme un marchand de chiffons.

Il s’élança sur elle en grinçant des dents :

— Petite misérable, les chiffons sont aussi nobles que toi.

— Tiens, riposta Amande, sans le vouloir j’ai peut-être dit votre vrai métier.

Et elle s’assit sur le bord du lit pour rire à l’aise.

— Quitte ta combinaison, cria le faux duc en s’élançant sur elle comme un vieux fauve fourbu.

Elle l’écarta :

— Hé, monsieur ! parlez donc avec moins de rage et quelque gentillesse courtoise. Sinon vous n’aurez rien du tout de moi.

— J’ai payé assez cher ! je t’aurai.

— Si je veux ! fit Amande.

Le vieux crut avoir une crise de nerfs et ses mains se mirent à trembler.

— Ah ça ! mais c’est la première fois que dans cette boîte je trouve une insolente comme toi. Tu me le paieras.

Amande commençait à s’impatienter.

— Monsieur, je vous prie de ne plus me parler sur ce ton grossier et furieux. Je vous dis ce que j’ai à dire, sans façons, et je vous avertis que si vous insistez, je remets ma jupe et m’en vais.

Jamais le vieillard n’avait vu ça. Une femme de maison de rendez-vous qui menace