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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


fut dehors, Mme Mouste la remplaça près du marchand de chiffons.

— Eh bien ! qu’en dites-vous ?

— Elle n’a pas du tout l’air vicieux.

— Vous ne vous y connaissez pas assez bien. Cette petite est le chef-d’œuvre de la lubricité.

— Combien sera-ce ?

— Oh ! bien plus cher que toutes autres…

— Non, alors ! chaque fois que je viens chez vous le prix augmente, comme si vous le faisiez exprès.

Mme Mouste, qui connaissait son client, le regarda avec un demi-sourire et dit :

— Cette enfant est la femme d’un baron on ne peut plus authentique, riche et important. Elle est la fille d’un grand écrivain…

— Vous vous moquez de moi…

— Pas du tout. Elle ne sait même pas que je connais tout ce qui la concerne et me tient pour dupe de ses petits mensonges, mais vous devez bien savoir que nous autres…

Elle se mit à rire, en tenant, pour ne pas l’ébranler, sa gorge à deux mains…

— Nous autres sommes outillés pour pénétrer les secrets d’autrui.

— Alors pourquoi est-elle ici si elle n’a besoin que de rien.

— Pour le vice et pour le plaisir, dit victorieusement Mme Mouste.

— Le plaisir, murmura sentencieusement