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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


ne sera jamais mon fort. Je me crois présentable telle que je parais, sans ornements adventices.

— Ah ! vous appelez ça des « naevi ».

— Mais oui. C’est le nom scientifique.

— Vous êtes instruite ?

— Sans doute, mention bien au bachot lettres philo. Je tiens le coup, quoi…

Mme Mouste continua d’admirer ce corps plein et renflé. Les seins étaient hauts et écartés, sur une poitrine que les sports avaient bien placée et gonflée. La ligne des épaules apparaissait chargée de courbes entrelacées et harmonieuses. Le torse s’effilait vers la taille. Il marquait les muscles partout. Les hanches s’élargissaient avec une forte douceur. Cela faisait, en quelque sorte, l’épanouissement d’un écu de blason ovalaire. Et les jambes apparaissaient, comme deux belles colonnes, pour soutenir cette architecture de muscles, sans défauts et sans fléchissements.

Une ombre fine et roussâtre ornait l’angle des aines. Amande, sûre d’être belle, se tenait droite avec un sourire de triomphe.

Mme Mouste, qui avait parfois des goûts pervertis, pensait : « Voilà une enfant par qui j’aimerais à être adorée ».

Mais l’intérêt lui dicta de rester froide, car, trop intime, cette jolie femme aurait jeté quelque trouble dans la comptabilité de la maison.