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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS

— J’espère que non. Mais je suis très maîtresse de moi, sauf, lorsque…

— Lorsque ?

— Lorsque je perds le commandement de mes sens…

— Ah ! cela vous arrive ?

— Cela m’est arrivé une fois, ou plutôt un seul jour, mais j’espère que cela se renouvellera. C’est une des raisons qui m’amènent ici…

— Elle est drôle, dit Mme Mouste avec indulgence.

Et avec autorité :

— Déshabillez-vous.

Désireuse de prouver que la vergogne n’était pas son vice, et qu’elle savait parfois obéir sans murmure, Amande quitta en un tour de main sa robe et sa combinaison. C’était tout ce que son corps portait à cette heure, plus une sorte de ceinture qui lui caparaçonnait le ventre, et tenait les jarretelles de ses bas, d’un rose exquis, tendre et fané.

Mme Mouste regarda cette forme de chair pleine et sans défaillance. Elle pensa :

« Elle vaut bien les deux billets promis. Cette petite fera de l’or. »

Et à voix haute :

— C’est naturel, ce petit signe sur la cuisse ?

— Madame, dit Amande, tout est naturel en moi. Je ne sais pas s’il en est pour se faire de faux naevi en des lieux pareils, mais ce