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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


violent besoin de vengeance. Ah ! comment forcer Adalbret au divorce dont il ne voulait entendre parler ! Voilà pourquoi elle accueillit, avec moins de crainte que jadis, un homme qui marchant depuis un instant à son côté se décida à l’accoster.

C’était évidemment tout le contraire d’un homme du monde. Mais Amande était saturée des gens du monde. Celui-ci restait, avec sa face de bandit cuit sous tous les soleils, correct dans sa tenue et ses paroles. Il lui dit :

— Madame, permettez-moi de marcher un instant avec vous.

Elle répondit :

— Faites donc. Mais c’est bien peu…

Il riposta illico :

— Il vous faudrait un peu plus… déjà ?

Amande le regarda en riant :

— Il ne me faut rien du tout, mais j’aime la sincérité et qu’on dise tout de suite ce que l’on veut.

— Vous êtes hardie.

— Pas plus que cela. Je suis simple et sincère.

— Ah !… Eh bien, si je vous disais que je vous trouve charmante.

— Je le sais de reste, monsieur.

Il fut décontenancé :

— Et si je demandais un rendez-vous plus intime que celui-ci ?