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LES MARCHANDS DE VOLUPTÉS


intime pour la logique. Donnant, donnant. Que celui qui trompe le premier soit châtié.

Ayant lu beaucoup de moralistes, Amande, qui restait jeune d’âme, se figurait avec un rien de naïveté que le remords peut des fois troubler les douceurs de l’existence. Mais on l’ignore en évitant de le provoquer.

Et la meilleure façon, c’est de n’agir qu’en suivant les règles de la morale même, qui recommandent la justice, c’est-à-dire la punition du pécheur.

Ainsi, une fois Adalbret surpris en conversation criminelle avec une guenon de son genre spirituel, et de sa conception esthétique, Amande, en le cocufiant à corps perdu, ne ferait plus que suivre les us de l’équité et le remords serait à jamais éloigné de son esprit.

Oh ! c’était une petite calculatrice que cette jeune femme. Au demeurant, évitons de lui prêter des soucis moraux au delà de la vraisemblance. Si elle avait malgré tout trouvé auparavant une âme masculine représentant à peu près son idéal, elle n’aurait aucunement balancé, oubliant l’éthique, à faire, avec son porteur, des fantaisies galantes reprochables.

Seulement cela ne s’était pas trouvé. Amande voulait un homme qui fût beau, mais non point de cette beauté méprisablement plastique qu’aiment les femmes en général. Il lui fallait une beauté lasse et un peu usée,