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L’INCONNU

suite il attendit en chantant des incantations ricaneuses.

Un long moment après, ayant toutes perdu connaissance, les cinq femmes reposaient à terre en des postures convulsées. Toutes semblaient en proie à un délire exténuant.

Babet s’était ointe comme ses compagnes de l’onguent puant qui lui était donné. Elle, qui se lavait chaque jour avec soin dans le ruisseau, depuis surtout qu’elle était amoureuse, sentit vite une sorte de démangeaison parasitaire qui courait sur sa chair puis ce fut une chaleur sourde, enflammant d’abord ses vertèbres, son cou, ses seins et ses mains.

C’est à ce moment-là qu’elle but le liquide offert par le sorcier. Aussitôt, une flamme coula en son corps, elle eut envie de rire et de chanter. Le désir la possédait farouchement. Elle connut enfin que toute vigueur s’échappait de son corps vaincu. Elle se laissa tomber à terre. Ce simple contact éveilla en elle mille et mille sensations aiguës… Il lui semblait que des aiguilles fouillassent sa peau. Et la lente dilacération térébrante se transformait en un plaisir inouï qui se renouvelait sans répit.

Alors, elle vit un diable apparaître comme un oiseau à face humaine. Il lui mit un manche à balai entre les jambes, la dressa d’une bourrade, et fit un geste.

Babet se sentit emportée vers le Sabbat.