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LES AMANTES DU DIABLE

d’une sorte de piton agressif, perdu dans le fouillis forestier.

Au demeurant, tout cela était en sus entouré d’une épaisse zone végétale sur laquelle planait depuis des temps immémoriaux, la terreur et le maléfice. On prétendait que les gens dussent y attraper la lèpre, et nul villageois ne s’en approchait.

Babet s’engagea dans le boyau en tremblant. Il était défendu de porter une lampe et il fallait, pour avancer, tenir la main en contact avec la paroi. Pour se protéger, elle invoquait Satan.

Bientôt elle fut au centre d’une sorte d’entonnoir, au-dessus duquel le ciel arrondissait sa coupole piquetée de lumières.

Assis sur son trône de pierre, le sorcier était là.

Il se caressait la barbe sous la lumière fauve d’une torche.

— Ah, ah ! fit-il en voyant arriver la femme du braconnier, je crois que tu es cette fois sur le chemin du bonheur.

— Il s’en faut ! dit-elle amèrement, en pensant que son amant était parti peut-être à jamais.

— Bah, riposta l’autre, c’est toujours ainsi dans la vie, on est parfois malheureux, mais c’est justement le début de toute félicité.

Il fit ensuite un signe cabalistique et demanda :

— Tu invoques le Malin tous les jours ?

— Oui, reconnut Babet.