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LES AMANTES DU DIABLE

alors une ancienne maison brûlée, dont il ne restait que trois murs et un morceau de toit. Il était visible, à l’herbe qui poussait tout autour de ce gîte détruit, que personne n’y venait jamais. Ils y pénétrèrent et s’allongèrent sur le sol gazonné.

— Nous pouvons dormir, dit le braconnier. Mais si vous le voulez, nous allons manger un peu.

Et il défit un quignon de pain noir avec deux larges morceaux de lard.

Une heure après ils sommeillaient tous deux.

Le soir revint, après que bien des menaces dont ils n’avaient pas conscience eurent frôlé les deux voyageurs. Des soldats en maraude, déserteurs sans doute, et des rôdeurs qui n’étaient point soldats s’approchèrent. Tous faillirent pénétrer dans la demeure incendiée et ne s’éloignèrent qu’avec l’espoir de mieux trouver plus loin.

Ce furent aussi des paysans soupçonneux, puis un carrosse qui s’arrêta à côté, parce que la dame qu’il menait avait un petit besoin à faire disparaître. Elle vint s’accroupir derrière le pan de mur écroulé, et, une fois satisfaite, pensa mutinement regarder ce qu’il y avait là-dedans.

Par chance, elle était pressée et craignit d’écorcher ses doigts…

La nuit revenue, les deux voyageurs reprirent leur marche après un autre festin de lard et de pain dur.

Ils allaient plus vite maintenant. Il devenait assez