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L’INCONNU

qui sous le reflet incertain de la lumière stellaire semblaient encore plus formidables.

Ils rencontrèrent deux hommes. Eux aussi avaient l’air de mener à bien quelque affaire louche ou dangereuse, mais ils ne virent point Hocquin et son compagnon qui les devinèrent les premiers.

Et ce fut le passage par-dessus les murs du couvent de Saint-Dominique. Là, cent moines vivaient sur un large épaulement de terrain, face au sud. Le vin qui se faisait chez eux était d’ailleurs fort renommé.

Ils restèrent en contact avec le mur, Hocquin marchant en tête. Le braconnier avait dit qu’en cas incident, s’ils étaient découverts, ils ne devaient espérer aucune pitié. Le supérieur était, en effet, un ancien homme de guerre, qui gardait la dureté de mœurs des camps où la vie d’un homme, et de dix, et de cent, apparaît une valeur tout à fait négligeable.

— Ont-ils des chiens ? demanda le jeune homme.

— Un seul et je l’ai tué hier.

Ils marchèrent très longtemps. À certain moment, on entendit le bruit des hymnes religieux. C’était l’heure où les moines se réunissent dans la chapelle et invoquent le Créateur.

Le plain-chant se répandait avec majesté sur la campagne muette, et les orgues qui soutenaient les voix humaines de leur orage magnifique, donnaient