Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LES AMANTES DU DIABLE

donner un abri sûr. Et, entre temps, on tâchera de me faire rentrer en grâce.

— Je vous guiderai. Paris est à trente lieues m’a-t-on dit.

Babet se demandait entre temps ce qu’il allait advenir de la bourse de l’inconnu, elle restait allongée sur une table branlante, faite par Hocquin lui-même. La question fut tôt résolue :

— Voici toute ma fortune dit l’étranger en désignant, avec un rien d’émotion, l’espèce de treillis emperlé allongé et gonflé comme une andouille.

— Qu’y a-t-il ? demanda le braconnier.

Quatre-vingt-dix-sept louis, je crois.

— Fort bien. Reprenez-là. Vous en aurez peut-être besoin pour vous remettre en selle, s’exclama le mari de Babet…

— Mais vous…

— Nous sommes habitués à ne rien avoir. Lorsque vous serez de retour à Paris, pensez à ce qui nous manque ! Voilà ce que je vous demande. Si vous l’oubliez, tant pis pour nous. Je ne vends pas l’hospitalité.

Et, après une minute muette :

— La paillasse est dure mais assez large pour trois. Couchons-nous, je vous prie, monsieur ! Demain nous parlerons de ce qui vous importe encore. Ce que je puis vous dire, c’est que je suis moulu, ayant été appliqué à la question aujour-