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LES AMANTES DU DIABLE

poing, réemboîté l’articulation des épaules, il ne pouvait encore mouvoir ses bras. Il ne voulut cependant rester au bas du haut mur d’où certainement on lui aurait jeté bientôt quelque vieux pot ou des pierres, et il glissa le long de la pente qui menait à la route.

Peu à peu la force lui revint. Il se mit sur le ventre, car il ne pouvait s’asseoir. Dans ses avant-bras et ses mains, le sang recommençait lentement de circuler.

— Ouf ! fit-il haineusement, c’est beau de m’en être tiré ainsi !

Il tentait cependant de mouvoir ses membres, mais une crampe maintenant l’immobilisait. Il se mit à rire.

— Ce bourreau, je ne lui conseille pas de venir se promener en forêt quand je chasse…

Il se massa doucement les muscles des cuisses et des mollets. La douleur de sa crampe, au souvenir de ce qu’il venait d’endurer, lui semblait presque une caresse.

Enfin il se mit debout.

La nuit tombe vite en hiver et déjà le ciel s’assombrissait, Jean Hocquin en fut ravi. Il préférait ne plus rencontrer personne durant qu’il regagnerait sa demeure.

Mais, à la nuit chue, hormis dans les venelles du mince village qui occupait les pentes sud du mont