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LES AMANTES DU DIABLE

— Moi, monseigneur, et mon mari.

— Il est là

— Oui. Il dort.

— Tu n’as pas du tout l’air de sortir du sommeil, coquine, et je suis sûr que lui non plus…

— Monseigneur, dit Babet humblement, le froid ne nous aide pas à trouver un sommeil bien doux. Ce n’est point un palais céans.

— Je le vois bien. Dis à ton époux, comme si le mariage était fait pour des bêtes comme vous, de venir ici.

— Jean, dit-elle.

— Voilà, grogna le chasseur en venant droit à la porte, avec son air de fauve agressif.

Le soldat recula de deux pas en grommelant :

— Comme hure de brave garçon, il est réussi, celui-ci. Je pense qu’il ferait bien à supprimer. Tout le monde y gagnerait…

Il demanda, un peu moins rogue :

— C’est toi le propriétaire de ce palais ?

— C’est moi.

— De quoi vis-tu ?

— Je ramasse des herbes pour le mire, je garde les troupeaux, je moissonne, je vendange, je tresse des corbeilles…

— Et tu braconnes, vilain ?

— Jamais.

— Tu le jurerais ?