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LE PACTE

allure de fille des grandes cités, aux regards pleins de cautèle et de désirs.

Elle se montrait vêtue d’une robe de tissu rougeâtre, percée partout, et d’un corps de grosse toile écrue. Ses cheveux tassés sous une capuche noire s’en évadaient harmonieusement.

— J’ai tué un loup ! fit le chasseur.

— Quand ?

— Tout de suite.

— Tu as bien caché le corps ?

— Oui. Je n’avais pas le temps de l’enterrer.

— Et comme gibier ?

— Quatre lièvres et un faon.

— Bon ! pour qui le faon ?

— La baillive.

— On m’a répété l’autre jour qu’elle disait du mal de toi et t’accusait d’avoir pris chez elle un écu oublié sur une table.

L’homme haussa les épaules :

— C’est la servante qui aura pris l’écu sans doute.

Il regarda sa femme avec soin.

— Comme tu parais fatiguée, Babet ?

— Je le suis.

— Toujours tes visites chez le sorcier ?

Elle se mit à rire :

— Ne faut-il pas chercher à faire de l’or, puisqu’il est si dur et ingrat d’en gagner.