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RÉUSSIR

lupté si neuve que son mari, qui la regarde partir, en est tout troublé.

Ce n’est pas un homme de subtilités, mais un large et solide bon sens habite sa pensée. Il se dit :

— Elle va voir un galant.

Cela lui est indifférent. Ce qu’il faut craindre, ce sont les traîtrises que les femmes ajoutent souvent à leurs tromperies d’amour. Mais qu’y faire. S’il n’est ni jaloux, ni méchant, Jean Hocquin est un mâle d’âme stable qui comprend la vie et sait pardonner. Le tromperait-elle qu’il reste lié à Babet par une solidarité de vie ténébreuse, des misères subies en commun, par les liens étroits d’une affection qui n’est pas celle d’un propriétaire, ni d’un maître d’esclave. Et il jette sur ce corps balance qui s’éloigne une sorte de regard amusé.

Cependant, Babet a tourné dans une ruelle misérable vaguent les volailles et les gorets. Elle entre sur une place, puis en sort parmi les regards admiratifs des soldats qui sont en train de frotter des arquebuses, de nettoyer des sabres ou des hallebardes et qui échangent des lazzis.

Ils accompagnent le passage de la belle femme de rires allumés.

— Hé, la belle, ne veux-tu pas venir dérouiller ma dague ?

— Oh ! crie un autre, ta dague est en bien mauvais état. Nous savons que la grosse Margoton te