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LES AMANTES DU DIABLE

blasphéma trois fois, tandis que Satan apparaissait. L’autre alluma un cierge de cire noire qui puait, et la cérémonie hideuse eut lieu…

La première femme, qui prit la rondelle de rave se leva comme une possédée, poussa un long gémissement et se roula sur la terre. La seconde s’accroupit comme paralysée, en appelant le diable, et la suivante, comme frappée de la foudre, resta droite, immobile, changée en statue de sel…

Babet était à la fin. Elle se déroba à cette scène affreuse.

Dix femmes se vautraient maintenant sur la terre humide, ou dans l’eau de la mare, en poussant des appels farouches. La plupart semblaient d’ailleurs devenues des bêtes. Elles hurlaient et se mordaient les bras ; elles laissaient pendre hors de leur bouche des langues démesurées, et se jetaient les unes sur les autres, avec les appels ignominieux qui sont des mérites d’Enfer.

Une femme devenue folle, brandissait une branche sèche. En bégayant, elle criait que c’était Satan lui-même. Une autre prit un couteau, se coupa des fragments de chair, et s’évanouit en hurlant.

Bientôt les cris, les gémissements, les abois, les hurlements, les gestes et les actes de cette foule, dépassèrent tout ce qui se peut raconter. Babet