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LES AMANTES DU DIABLE

Cependant il fallait bien vivre, acheter du pain et diverses choses. Mais cela s’effectuait la nuit, et par troc d’un lièvre contre un pain, par exemple. Tout se passait d’ailleurs, chez le dernier homme qui eût trahi ses amis, à savoir l’apothicaire.

Ne sortant plus, Babet se sentait harcelée par des pensées inquiètes et douloureuses, qui la rendaient irritable et un peu folle. Elle s’en ouvrit au sorcier, lequel, durant le siège du château d’Assien, avait fait des siennes de façon tragique.

Un Sabbat en effet, s’était réuni, où l’on mit à mort, une jeune fille pubère et vierge. On avait aussi rendu totalement démentes trois femmes du village. Celles-ci voyaient depuis lors Satan partout, et criaient à fendre l’âme, en poussant des cris blasphématoires qui faisaient fuir tout le monde.

Aussi, informé, une fois de plus, des méfaits du vieux juif, le baron s’était-il efforcé de prendre ce sorcier. On aurait fait un beau bûcher avec lui, et le peuple n’a pas tant de divertissements…

Mais, astucieux et malin comme une loutre, habitué, depuis si longtemps qu’il vivait, à exciter les colères et les haines, le coquin diabolique, s’était dérobé à toutes poursuites. Peut-être au surplus fallait-il admettre qu’il eût des complices au château, car le chef des gardes, celui même qui était chargé des opérations contre lui, avait une fort jolie femme. Et la futée, portait depuis peu