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LES AMANTES DU DIABLE

sa conquête au fond d’une cachette, par lui seul pénétrable. Il posa tout à terre et respira largement.

La sérénité du monde l’emplissait d’une sorte de malaise à cette heure. Il tendait vers le sous-bois un regard inquiet, comme s’il eut craint autre chose que la figure rougeaude et vile d’un homme d’armes du baron des Heaumettes.

Il avait toute cette nuit, senti il ne savait quel malaise le pénétrer. Lui, d’habitude plein de confiance en sa force et son courage, n’avait pu agir que mollement.

Cependant, on eût dit qu’une puissance cachée voulait l’enrichir ou du moins le satisfaire. Il trouvait ses pièges pleins de petits fauves aux fourrures valeureuses, voire de gibier jeune et succulent.

Mais il était presque humilié de se sentir ainsi protégé ou favorisé, il ne savait par qui.

Il avait laissé, au matin, sa femme Babet dans une sorte de tension également inexplicable. Sans foi et sans jalousie, sans inquiétudes idéologiques et sans soucis amoureux, Jean Hocquin ne cherchait point à éclaircir les idées, qui lui semblaient trop obscures. Il trouvait juste et normal, que tout ne fut pas sur le même plan dans son esprit. Cela le calma.

Prenant froidement le fardeau de sa chasse, il embouqua le chemin familier de sa tour perdue.