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LES AMANTES DU DIABLE

avaient le caractère d’un joli spectacle. Beaucoup le tinrent, même alors, pour tel.

Il faut admirer en effet les estampes naïves où les artistes du temps ont représenté les travaux du siège. Là, s’époumonent obstinément au second plan des gaillards bien embouchés, qui mettent en riant les poings sur les hanches… C’est symbolique…

Ainsi en fut-il du siège et de la prise de ce château d’Assien, en une époque où il semblait bien que de tels guerroiements commençaient à devenir de pure archéologie.

D’abord, on s’insulta copieusement. Les soldats du baron étaient forts en gueule, et furieux d’avoir été enlevés à des labeurs pacifiques. Ils s’en vengeaient sans gêne, à coups d’outrages et des plus corsés. La mère, la fille, et la femme de chacun des défenseurs du château furent d’abord certifiées propres à toutes les besognes libertines, et disposées aux vices les plus abjects…

On ne s’en tint pas là. Les défenseurs à leur tour se trouvèrent chargés de tous les maux qui rongent la chair et pourrissent le sang. Puis la comtesse d’Assien elle-même fut sans plus de façons nantie de mille tares abominables ou divertissantes, les deux à la fois même, car à l’énoncé de chacune, tout le monde au bas des murs éclatait d’un rire joyeux.