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LES AMANTES DU DIABLE

et que les bas-officiers ne pouvaient avoir l’œil partout, il y eut d’un coup, quatre-vingts désertions, plus trois mises à mort de malheureux qui s’y prirent mal, et eurent la tête cassée avant d’avoir pu prendre le large…

Apprenant cela, le baron des Heaumettes entra dans une fureur prodigieuse, et faillit avoir un coup de sang. Il donna ordre à ses gardes, encadrant impitoyablement les meilleures recrues, de faire une battue dans les bois et de pendre sans plus de façons tous les déserteurs qu’on trouverait. Si toutefois, on avait la chance de rencontrer des gaillards propres à porter le harnois, on leur donnerait à choisir entre l’épée au côté ou en travers du corps.

Leur choix serait certainement excellent.

La petite armée se répandit dans les environs. On cerna la forêt et on y traqua tout. Deux déserteurs fuyards cachés y connurent la hart la plus rapide. Mais on découvrit Jean Hocquin et sa femme qui justement, sans se méfier, étaient en train de pêcher des écrevisses dans un frais ruisseau. Ils ne purent, malgré leur finesse, s’enfuir à temps.

— Voilà ce qu’il nous faut, sourit La Coupe, le sous-officier, en voyant le gibier inattendu qu’on lui amenait.

— Qui es-tu ? fit-il à la femme d’abord.

— Sa femme ! dit Babet en désignant son mari.

— Mariés ?