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LE SABBAT

un campagnard au retour d’une fructueuse vente, m’ont assailli hier soir près d’ici. Il était nuit. J’en ai décousu un et j’ai ouvert la gorge du second. Le troisième a reçu mon pied dans le ventre et s’est affaissé sur le sol…

— Tu ne l’as pas laissé vivre ?

— Bien sûr non ! Je l’ai envoyé en enfer tout de suite.

Babet eut une sorte de rire strident, en songeant que la main du Diable intervenait désormais dans tout ce qui la concernait. Il fallait espérer que bientôt une si puissante protection ferait mieux encore.

Qui sait si au fond, ce n’était pas pour son bien qu’on avait brûlé la maison ?

Car les voies de Satan, comme celles même de Dieu, sont impénétrables.

— Vêts-toi donc ! fit Jean Hocquin.

Elle quitta vite ses misérables hardes puis regarda alors son mari avec une sorte de curiosité inquiète. On dit que les femmes inspirées et protégées par le Maudit, inspirent le désir à tous les mâles…

Babet vit bien que l’on ne mentait point. Elle se sentit désormais certaines que la faveur du Maître des Enfers la suivait partout.

Le vent était une chaude caresse, l’herbe sentait la menthe et le ciel était un abîme bleu où le regard se perdait.