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LES AMANTES DU DIABLE

comme de la hideur des autres humains, était aussi puissant en elle que l’amour.

Alors, elle guettait tous les jours, de l’aube au soir, dans des buissons épais sis au sommet d’une sorte de falaise, les chemins par lesquels son mari devrait reparaître.

Les yeux attentifs, elle en oubliait presque de boire et de manger. Des fruits lui suffisaient et l’eau froide d’un ruisseau.

Or, un matin, peu après l’aube, il lui vint le pressentiment que ce jour-là Jean Hocquin serait revenu.

Elle se plaça à son observatoire et vit passer d’abord au loin le seigneur des Heaumettes, avec une garde de dix cavaliers, puis une troupe de soldats en rangs avec des chariots qui suivaient.

Soudain il lui parut qu’une ombre très subtile se glissait là-bas entre les troncs pressés, sur une lisière du bois.

Elle devina que c’était lui…

Il avait déjà vu sa demeure, réduite en charbons mouillés et pierrailles écroulées. Alors, devinant que Babet fut aux alentours il s’apprêtait à parcourir prudemment les coins où elle pouvait s’être réfugiée.

Car il ne la croyait point pendue, ni brûlée dans la chaumière.