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LES AMANTES DU DIABLE

et ses mains aux ongles longs, dont le contact brûlait. Il regardait la vie, répandue partout dans les villes et les châteaux, dans les chaumières et les hospices, puis une ironie triste, se lisait sur son visage émouvant.

Il pensait, certes, que tout est vain, puisque la mort guette tout ce qui vit. Que peuvent d’ailleurs être les éternels tourments, pour ceux qui connurent ici-bas un infini de misères et de peines. Et puis, Babet y songeait avec une sorte de blasphématoire désir de pénétrer aussi son maître par l’intelligence, et de s’ouvrir à lui en esprit, et puis, pour que le Diable fut si puissant, ne fallait-il pas que Dieu le lui eut permis ?…

Elle frissonnait devant les infinitudes stellaires, où plongeait son regard ému et mélancolique, tandis que des frissons nouveaux, tenaient son corps en contact avec l’âme lointaine de Satan son amant.

Permettre le mal n’est-ce pas le créer ? Dieu pouvait éviter qu’il naquît. Il pouvait en réduire le flot effrayant qui submergeait tant d’êtres sur terre…

Mais Dieu avait voulu que le mal existât.

Et, dans ce cas, n’en était-il pas directement et nettement responsable ?…

Babet eut un sourd frisson. C’était, certes, le Maudit lui-même, qui lui envoyait de tels pensers. Mais elle s’en sentait consolée.

C’est que l’homme, depuis des siècles innom-