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LES AMANTES DU DIABLE

croyait entre les bras d’un amant tendre et doux. Mais elle n’osait regarder la face ironique et trop belle du Maudit.

Chaque fois que son regard se portait sur le sourire narquois, ou sur le menton énergique et tenace, vers les yeux malicieux qui ardaient d’un feu infernal, ou vers le front puissant couvert de courts cheveux bouclés, elle sentait un doute la saisir. Était-ce là le démon lui-même, le maître des vices du monde, l’archange foudroyé à l’origine des temps, qui, à cette minute, se conduisait avec elle, faible femme, comme un ami caressant ?

Mais soudain elle connut que leur étreinte devenait plus profonde, et que cette union tant attendue et dont elle attendait tant de bonheurs devenait une réalité.

Elle souffrit, attentive à ne point crier et à montrer qu’elle restait digne de cette incarnation des forces mauvaises, dont elle se sentait pénétrée désormais, maîtresse aussi, sans doute.

Une langueur atroce la fit défaillir, puis une inextinguible brûlure qui la soulevait dans une souffrance démesurée, avant-coureuse des supplices futurs.

Elle râla et tendit ses bras vers le ciel, prête à demander pardon pour ses fautes, car les délices qu’elle souffrait en ce moment, étaient plus terribles que la torture.