Page:Dunan - Les Amantes du diable, 1929.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
LES AMANTES DU DIABLE

nette, un petit squelette qui semblait dire : Tu n’as pas rêvé…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le manche à balai l’enlève donc comme une plume, et Babet ne sait comment la chose se fait, mais elle s’y tient fort bien, tout ainsi que sur un cheval se tient le bon cavalier.

Elle parcourt les airs à une vitesse folle. Au-dessous, dans une clarté sans doute surnaturelle, car il fait nuit et ce petit bout de lune qui apparaît au couchant ne saurait illuminer le monde, la campagne se déroule, aussi nette qu’en plein jour. Hormis qu’en plein jour personne n’a jamais volé ainsi sur un balai au-dessus des prés, des boqueteaux, des futaies, des vignes et des buissons.

Elle passe sans efforts sur un toit d’Église et domine soudain le château des Heaumettes. Ensuite elle revient vers sa forêt. C’est une promenade avant le Sabbat…

Au ciel, les étoiles sont plus proches et plus brillantes. Tout autour de Babet, c’est une foule de sorcières comme elle, qui bondissent sur leurs montures sataniques. Il y en a de très vieilles aux seins pendants et de jeunes et belles qui ouvrent en riant de bonheur leurs lèvres pourpres. Voici une enfant qui ne doit pas avoir plus de douze ans.

Et la mère Dortée, qui est centenaire et infirme, connue d’ailleurs à dix lieues à la ronde pour sa