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Clodia s’était entendue avec Pompéia. Au cinquième angle, lorsque l’on percevait déjà le bruit des femmes qu’excite et divertit l’image de la Bonne Déesse, statue sexuelle et divaricatrice offerte comme une courtisane de Suburre, Clodius devait s’introduire dans certain réduit clos d’une lourde portière persane, où Pompéia viendrait le retrouver.

Clodia laissa son frère au lieu dit et seule avança encore. Devant l’atrium décoré de mosaïques figurant la gloire romaine, elle s’arrêta enfin. Sous sa stola couleur safran elle portait une sorte de fichu rouge, comme les Vestales, relevé sur la tête, et tenait une imitation, en bois de cèdre laqué, de ces feuilles quadrilobées qui font, chez les Lybiens, de si plaisants éventails. Une puissante senteur florale, parfum venu d’Athènes, où les parfumeurs ont de rares secrets, répandait autour d’elle l’arome lascif, bien connu de toutes les Romaines et que Catulle immortalisera. Devant Clodia, en contre-bas, quarante femmes apparurent alors, occupées à un magnifique délire d’amour.

Pompéia, près de l’autel de la Bonne Déesse, buvait, dans une coupe asiatique, de pierre translucide, ce vin de Chypre qui endort la pudeur. Elle portait la robe augurale, jaune et blanche. Mais près d’elle quatre ma-