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qu’il ambitionnait seulement le pouvoir qu’on lui offrît, non celui trop facile qu’il conquerrait.

Cette fantaisie psychologique ne semble correspondre à aucun tempérament politique. L’ambitieux, tout au contraire, tire orgueil des efforts, qui, ensuite, alimentent son ambition. Pompée valait César. Comme lui, il aurait pu finir souverain. Il a d’ailleurs réussi longtemps et c’est la série de ses derniers malheurs : Pharsale d’abord, qui seule le met, dans l’histoire, à la suite des César. Il avait triomphé avant vingt-cinq ans. D’ailleurs, il était expert en toutes sciences utiles, ordonné surtout et méthodique, et c’est à ses vertus qu’il devra sa réussite dans les guerres d’Asie et d’Espagne. Cicéron dit de lui : Nihil simplex, nihil « en tois politikoïs » honestum, nihil illustre, nihil forte, nihil liberum… Ce serait beaucoup de qualités absentes. Quand on songe que Cicéron fut du parti, précisément, de celui qu’il qualifie de cette façon, on se sent toutefois prêt d’admettre que l’avocat, parlant de Pompée, pensait d’abord à soi… Pline nous a transmis l’opinion que Pompée avait de lui-même. Elle était magnifique et le mettait au niveau d’Alexandre. C’est d’ailleurs près de cette louange pompéienne gravée à la Curie du