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Gadès la marine, certain jour de juillet. Les légions étaient campées tout près, et Caïus Julius César errait dans la cité, trois fois détruite et rebâtie depuis un siècle. Il vint au temple où l’on révérait Alexandre le Grand, sous le nom d’une divinité guerrière. Il entra et songea longuement devant la statue. Jeune, beau, le regard aigu, la bouche souriante, Alexandre incarnait la conquête même, sa richesse, ses appétits et ses félicités. Et César soudain se mit à pleurer.

— Qu’as-tu, ô Préteur ? demanda le centurion qui l’accompagnait, en frappant son glaive court sur ses jambières.

— Ne vois-tu pas, répondit César, qu’à mon âge, celui-là avait conquis un monde. Qu’ai-je conquis, moi ?

Et dans ses yeux durs, passaient des évocations de triomphes tumultueux, des scènes de plaisirs comme en connaissaient seuls les potentats d’Orient, et des acclamations, de la gloire, du pouvoir, de la force… un grand rêve…