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sible, vers la côte sicilienne, Archias s’éloigna, César se remit à songer.

Ainsi, la sybilline promesse du Crétois mystérieux vu le mois passé n’était pas un mensonge. Cet homme était venu trouver César pour lui dire :

— Rentre à Rome, César, les temps sont proches où l’ombre de Marius régnera sur le Tibre. C’était vrai.

Le jeune homme, six années absent de la cité où son nom et ses ambitions lui promettaient une place de premier rang, sentait se fixer le destin. D’abord, pensa-t-il, nécessité serait, selon le conseil de son précepteur Philodème, de s’attacher à Pompée. Ensuite, il faudrait conquérir les magistratures. Et César calcula avec haine qu’il avait vingt-trois ans et n’aurait qu’à trente-sept ans l’âge de devenir Consul.

 

Ostie, le port agité, fébrile et bruyant, reçut enfin le vaisseau. César nerveux comptait les heures et trouvait le voyage bien lent. Ce fut ensuite le départ pour Rome, à cheval, parmi les charrettes chargées, les contingents de légionnaires et les lourdes voitures de sénateurs, dont les côtés étaient protégés par les rideaux de cuir. Rome apparut enfin, et son grouillement humain. Un esclave