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donna des fêtes pour que son jeune et bel invité gardât plus tard un souvenir satisfait des Bithyniens.

Nicomède était fort riche. L’énorme négoce d’esclaves qu’il avait organisé entre Psylla et Rhoé, sur le Pont, lui assurait des bénéfices immenses. En paix d’ailleurs avec ses voisins, Euthyrès le Paphlagonien et le roi de Mysie, il coulait des jours heureux.

Un jour, Nicomède, croyant voir quelque tristesse sur la figure féminine de son hôte, et suivant un plan caché, conçut, pour l’égayer, une scène de joyeuse débauche. Une fête asiatique, comme on n’en pût vraiment pas réaliser dans la grave et rigide ville aux sept collines. C’était beaucoup prétendre, car Nicomédie n’était qu’une bourgade et les moyens dont disposaient les Bithyniens paraissaient assez faibles pour une orgie digne de ce que l’on désignait ainsi autour du Palatin.

Pourtant Nicomède fit de grandes choses. On édifia une somptueuse salle à manger à la mode grecque, on recruta danseuses et musiciennes, on fit venir des mimes et des psylles de Byzance, et enfin on imagina un de ces menus somptueux comme les Ioniens apprirent aux barbares à les combiner. Un jour entier, ce fut une joie magnifique dont