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bâton. Il eut peut-être subi un sort plus rude si le père du jeune César n’eût été ce jour-là en voyage à Brindes. On donna donc à l’enfant un nouveau maître. Il se nommait Titus Probatus et il était rhodien. Afin d’éviter que la fleur du jeune Caïus tombât entre les mains d’un de ces professeurs sans vergogne, comme il en foisonnait à Rome, venus de tous les coins de la Méditerranée, la servante Rhoé, qui d’ailleurs était jolie comme le jour, se dévoua pour apprendre à Caïus Julius César qu’il n’est point de vrai plaisir d’amour sans femme…

On prétend d’ailleurs que César oublia très vite la leçon, sans aucunement la mépriser…

 

Titus Probatus ignorait la guerre, mais il connaissait « les affaires ». Il enseigna à César les secrets de la fortune. Il lui fit mille et une fois répéter les Lois des XII Tables et lui apprit surtout que la vie est une inexorable bataille pour la richesse, le pouvoir et le plaisir.

L’enfant n’avait pas quatorze ans, qu’après de telles leçons son cynisme s’affirmait déjà. Il parlait bien, d’ailleurs, et fort éloquemment. À Rome il est vrai on ne parvenait à rien si l’on n’était pas orateur. Mais il savait aussi qu’un homme endetté, est riche à propor-