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Un frisson d’angoisse secoua tout le cirque. Les chevaux passèrent, la svelte voiture chassa. L’aurige avait compté sur ce dérapage. La borne vint à lui, la roue sembla frôler la pierre et la dépasser.

Mais l’essieu débordant heurta le cône rouge. Un dixième de seconde les spectateurs haletants virent l’autre roue se lever, puis le char courir oblique. Ensuite, il se renversa. Les immenses rênes de cuir, tranchées d’un coup désespéré, voltigèrent et s’abattirent sur le cheval de droite. Le jarret pris dans la lanière, la bête écumante culbuta, et soudain, malgré son effort pour retenir le second bige, l’homme à poil noir et nez courbe arriva sur l’attelage renversé. Il fit un saut énorme et s’abattit dans la poussière. Alors les spectateurs ne virent plus qu’un nuage confus soulevé par des ruades violentes, des chevaux affolés hennissant parmi le gordien emmêlement des rênes, et deux hommes à terre, dont l’un vomissait du sang.

Aurélia Marcia, saisit d’horreur, fit signe à ses esclaves, accroupis derrière elle à l’entrée de l’étage circulaire.

Ils l’aidèrent à se lever et l’emmenèrent. Une douleur sourde rayonnait en son corps las. Son ventre était devenu intolérablement douloureux.