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avait les roues blanches, et l’un des deux chars blancs les roues rouges. Le départ fut donné. Il s’agissait de faire sept tours de piste. Aussi, l’un des cochers, patient et comptant sur la fatigue des concurrents, se laissa-t-il dépasser aussitôt. Les trois autres firent un tour entier côte à côte. Ils tournèrent dans un grand bruit de fouets. Le virage passé, leur galop s’affaiblit doucement, s’amenuisa à rien. Enfin, ils reparurent à l’autre extrémité. L’envol des tuniques, la fièvre, en gestes pressés, des cochers, les cinglements des lanières de cuir, la violence irrésistible des chars légers, transmirent un enthousiasme sacré à l’énorme foule. Au silence du départ succéda un bourdonnement véhément, puis on entendit hurler des noms. Trente mille bouches ouvertes, maintenant, vomissaient un tumulte de cataclysme.

Les quatre chars passèrent à nouveau. Mais l’un d’eux faiblit. Son aurige, un Romain athlétique à chevelure frisée, rétrograda jusqu’à la quatrième place. Les rênes lui faisaient trois fois le tour du corps et le coutelas ne quittait pas son poignet.

Le troisième tour maintint les positions. Mais au quatrième, l’homme de tête, un Grec blond et rose, pour lequel battaient dix mille cœurs féminins, fut dépassé par le concurrent