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apparaître absurde, cette opinion ne semble pas admissible, car seize années seulement séparaient leurs âges respectifs. Toutefois la passion de la mère de Brutus pour César défraya longtemps la chronique galante de Rome.

Donc, Cassius et Brutus groupèrent des sénateurs dans un vaste complot qui compta plus de soixante membres. On remonta le courage de Brutus par des billets anonymes en appelant à son nom et à son républicanisme. Des inconnus l’interpellaient dans la rue : « Il nous faut un Brutus. » Crut-il ces facéties et faut-il le juger naïf ? C’est fort douteux Au fond, ce qui le décida, ce fut la conviction, dont on le bourra, que César voulait le pouvoir absolu pour seulement décréter l’abolition des dettes syngraphiaires, ce qui serait l’abomination de la désolation pour ce rude usurier. Il se peut que l’idée de voir Cléopâtre régner à Rome, si César l’épousait, ait aussi indigné les patriciens.

César, d’ailleurs songea certainement aux deux choses.

Qu’il y ait eu soixante ou quatre-vingts complices enlève d’ailleurs toute idée de fanatisme à cet assassinat. Le fanatisme est solitaire. Lorsque deux hommes aussi différents que Cassius et Brutus s’unissent, cela